le problème quand on était étudiant en médecine et qu’on aimait l’ordre. ou du moins, qu’on avait appris minutieusement toutes les règles principales d’hygiène ; vivre avec une fille peintre, en panne d’inspiration, qui s’étalait dans tout l’appartement avec l’espoir – vain– de trouver l’inspiration même au fond d’un paquet de spaghetti entamé, c’était comme chercher le diable : sean ne pouvait rien dire. ça avait été son choix de suivre allie, histoire de s’assurer qu’elle ne s’attirait pas d’ennuis. ça avait été son choix de vivre avec elle et ses élans d’artiste. il ne pouvait s’en prendre qu’à lui même. mais quand même. quand il rentrait à minuit, après avoir passé la nuit à réviser à la bibliothèque universitaire, il était difficle pour sean de garder son calme quand il venait de marcher sur un tube de peinture. il ferma les yeux et inspira profondément. « allie a besoin de retrouver son inspiration. allie a besoin de retrouver son inspiration… » il se répétait mentalement.

« sean ! y’a sara au fond, elle a dit qu’elle attendait que tu viennes la voir. » lui dit son ami. il était arrivé au début de l’été à san francisco et il avait connue sara dès le deuxième soir. la chance de sean avait été qu’à san francisco, il avait retrouvé un de ses amis de lycée à new york. ce mec était parti pour suivre son père qui allait travailler à la silicon valley et qui avait choisi de se rapprocher de la fameuse vallée alors que son fils n’avait pas terminé le lycée. avant de partir de new york, sean avait contacté son ancien pote qui lui avait annoncé fièrement qu’il était toujours à san francisco. ils avaient alors repris leurs bonnes habitues dès le deuxième soir. c’est là qu’on lui avait présenté sara, en boite de nuit. elle l’avait ramené chez elle. ils avaient couché ensemble et il était parti avant le levé du soleil. comme il le faisait toujours. seulement voilà, près de deux mois plus tard, la fameuse sara ne semblait lâcher le morceau. sean battit l’air avec sa main, signe qu’il n’avait pas du tout l’intention d’aller voir la fameuse. sans compter que sara était brune et il était de notoriété publique que sean craquait exclusivement pour les blondes. c’était son truc. voilà, son truc c’était les blondes. ou tavi. oh merde, ta gueule. sean fini son verre et prend la direction du fond de la boite. sara sourit. elle a gagné ce round là.

il ne sait pas trop quelle heure il est quand il rentre chez lui. il a déjà mal au crâne. il sort un verre qu’il emplit d’eau et cherche de l’aspirine. toujours prévenir la gueule de bois. il cherche son portable dans sa poche. presqu’à l’aveugle, il tape son message sur l’écran tactile, avec l’espoir que le correcteur automatique ne fera pas trop des siennes. il pose son téléphone et avale son aspirine. il reprend son portable et tape un nouveau message. il a un petit sourire. certes il avait perdu avec sara ce soir là, mais il avait gagné avec tavi la veille. et elle le savait. elle devrait tenir le pari. tavi c’était un poupée, mais c’était aussi un bonhomme. tavi était plus jeune, c’était un bébé. tavi c’était une artiste en mal d’inspiration, comme allie. sean se demandait comme il faisait pour se retrouver d’artistes déchues, alors qu’il était la rationalité même. peut-être que c’était lui qui leurs faisait perdre leur inspiration, d’ailleurs. ça pouvait pas être un hasard. il soupira. tavi ne répondait pas. il remit son téléphone dans la poche de son jean. il traversa l’appartement, il ouvrit doucement la porte de la chambre de sa sœur, pour vérifier qu’elle allait bien. elle dormait à poings fermés. de l’autre coté du couloir, il se laissa tomber sur son lit et ferma les yeux. demain, il n’avait pas cours. il aurait toute la journée pour cuver tranquillement…