Il me faut un moment avant de pouvoir accepter une main qu’on me tend. Je suis tellement sauvage que je me méfie de bon nombre de personnes. Trop de déceptions, trop de tromperies, de bassesse. Mais il a des fois où on tombe sur des gens à qui on a envie de faire confiance. Ça a été le cas de Kate, puis celui de Feliks, et aujourd’hui, elle s’appelle Calina. Ça fait déjà un moment qu’elle me propose de m’héberger un jour ou deux, histoire de ne pas rester là dans le froid. Jusqu’à présent, je n’ai pas eu envie de dire oui, mais ça, c’était avant de comprendre qu’elle vivait avec le mec qui me fascine depuis plusieurs mois. Je les ai vus sortir ensemble de chez eux. J’avoue, je les ai un peu espionnés. Mais pas un baiser, rien. C’est peut-être son frère, qu’est-ce que j’en sais. Si bien que le lendemain, quand la petite brunette est passée devant moi et m’a offert un large sourire accompagné d’un signe de main, j’ai fini par craquer. «Calina !» Je me lève et me dirige dans sa direction. «C’était dur cette nuit et... finalement, je veux bien venir prendre une douche brûlante chez toi.» Elle me sourit. Je pense que cette fille n’est que gentille. C’est pas possible autrement. Il ne faudra pas plus de dix minutes pour que j’arrive chez elle et entre dans ce grand appartement. Je ne sais pas trop bien si c’est chez elle, chez lui. Peu importe. Ça ressemble un peu à chez Kate. Ils ont de l’argent. «Je pourrai te demander juste quelque chose pour m’habiller. Faudrait que j’aille laver mes fringues.» Je grimace un peu et finis par lui sourire. Elle ne dit pas non. On dirait qu’elle ne dit jamais non. Elle me donne quelques une de ses affaires. On fait la même taille. Et puis je m’enferme dans la salle de bains. Elle m’a mise à l’aise, m’a dit que je pouvais utiliser tout ce que j’avais envie. C’est différent d’avec Kate. Avec Calina, je sais qu’elle ne le fait pas pour quelque chose en retour. Elle le fait parce qu’elle est simplement quelqu’un de gentil et d’avenant.
Ce n’est qu’une heure plus tard que je sors de la salle de bain, dans de nouveaux habits, je me suis permise de me maquiller, juste un peu, et j’ai remonté mes cheveux dans une queue de cheval quasiment parfaite. «Calina ?» Je longe le couloir menant au salon, et la porte d’entrée s’ouvre, sur lui. Lui. Cet homme que je regarde passer depuis plusieurs mois. Qui ne m’a jamais adressé un seul regard. Cet homme qui semble toujours un peu trop pressé, trop dans ses pensées. Je lui offre un sourire, parce que je n’ai même pas pu m’en empêcher. «Bonjour !». Il est encore plus beau de près. Mon dieu.