La Saint-valentin, quelle blague. Quelle stupide fête commerciale ! Si elle devait encore voir un couple s'embrasser devant elle ou un idiot offrir des fleurs à la personne qu'il aime, Evy n'était pas sûre de pouvoir survivre à cette journée. Elle jette un rapide coup d'oeil à son portable. O message. Tu t'attendais à quoi Evy ? Tu pensais que Roman allait s'en souvenir. Il se souvient à peine de toi alors de la fête des amoureux. « Quels sont tes projets ce soir ? » lui demande une collègue et Evy, elle est prête à l'étrangler, mais elle se contente d'un sourire faussement radieux. « Roman me prépare une surprise. » La surprise serait qu'il réponde à l'un de ses textos. Mais aux yeux du public, ils sont heureux. Heureux et amoureux. Alors, Evy prétend. Elle enfile une jolie robe, une robe qu'il pourrait aimer, mais qu'il ne verra pas. Parce qu'elle va rentrer chez elle, Evy. Seule. Aucun bouquet de fleurs ne l'attendra cette année. Elle se souvient Evy. L'année dernière, à cette époque, ils commençaient à peine à se fréquenter. Roman était encore attiré par elle. Du moins, il avait la décence de ne pas lui exposer les autres filles sous le nez comme il pouvait le faire aujourd'hui. Quand elle y repense, il avait dû rejoindre une autre femme ce soir là aussi. Il s'était contenté de lui faire livrer des fleurs, prétextant un rendez vous professionnel. Peut-être n'avait-elle jamais été suffisante. Peut-être qu'elle ne le sera jamais. Elle accélère le pas. Le froid s'immisce sous sa robe. Elle rêve d'un bon bain chaud. « Evy » Elle sursaute. L'espace de quelques secondes, elle pense enfin avoir atteint la folie. Elle espère tant sa présence qu'elle imagine sa voix. « Monte dans la voiture chérie. » Elle tourne la tête et il est là. Plus beau que jamais. Son sourire charmeur dont elle est tombée folle amoureuse aux lèvres. C'est un piège et elle hésite, Evy. Elle hésite vraiment. Mais elle a froid et il est là. Pour une fois. Elle entre dans la voiture, dit bonjour au chauffeur habituel avant de se tourner vers Roman. « Je m'attendais pas à te voir ce soir. Besoin de moi pour jouer ta poule de luxe à un énième diner mondain ? » qu'elle demande, sa voix légèrement froide. Evy, elle a appris à ne plus rien espérer de Roman. Et pourtant, l'espoir pointe le bout de son nez.

Quelle surprise. Roman se souvenait de son existence. Il lui faut plusieurs secondes à Evy pour comprendre qu'il était bien là, que ce n'était pas le fruit de son imagination. Il est beau. Plus beau que jamais dans son costume noir. Evy, elle comprend toutes ses filles qui veulent une nuit avec lui. Elle les comprends. Elle leur en voudrait presque pas si Roman n'avait d'yeux que pour elle. Mais il ne les regardent qu'elles et la voit à peine. « Non, ce soir ce n'est que toi et moi. » Elle fronce les sourcils, tout en récupérant le bouquet, lui aussi, magnifique. Irène a du goût. Elle lui enverra une carte pour la remercier demain. « Joyeuse Saint Valentin. » Son cœur accélère. Il y a pensé. Pire, il a fait l'effort. Son cœur s'agite. C'est mauvais signe. Il y a un an, elle aurait sourit et l'aurait embrassé. Pas ce soir. Peut être s'étaient ils perdus en route ou peut être que Roman ne l'avait jamais aimé, que leur histoire n'était qu'une jolie illusion pour le reste du monde et qu'Evy, cette idiote, avait été la meilleure spectatrice. « Acceptes-tu d'être ma valentine? » Te fais pas avoir Evy. Ne laisse pas son regard charmeur t'hypnotiser. Tu sais très bien qu'il va te faire du mal. C'est sa spécialité. Te charmer pour mieux t'achever. Pourtant, il est là. Et pour une fois, elle a son attention. Et y a une voix qui lui hurle d'en profiter. Même si ce n'est que quelques minutes. Parce que quand Roman lui donne son intention, Evy, elle a l'impression d'exister. Son sourire se fait plus franc, plus sincère. Il illumine ses pupilles noisettes alors qu'elle effleure ses lèvres des siennes. « Oui, je serais ta valentine. » qu'elle murmure contre celles-ci avant de se détacher. Ses fleurs ne viennent peut être pas de lui, mais c'est à elle qui les offre. Elle les touchent du bout des doigts. « Elles sont magnifiques, merci. Tu m'emmènes où ?» Elle essaye d'être enthousiaste. Elle l'est presque, mais il y a ce gros nuage au dessus de sa tête qui annonce la tempête. « Qui eut cru que Roman Carter pouvait être romantique ? Tu arrives encore à me surprendre après tout ce temps. » Habituellement, dans le mauvais sens. Pour une fois, surprends-moi dans le bon sens. Donne-moi un bon souvenir pour effacer toutes les mauvaises nuits.