FRANCE. ≠ Il a hérité du prénom de son grand-père tandis que sa soeur pulvérise tout en portant celui d'une comète. Nova. Elle est aussi puissante qu'une constellation, aussi brillante qu'Orion. Nova. Son étoile perdue au milieu de l'univers. « Tu crois que cette conne va s'en rendre compte qu'il lui manque une paire de Louboutins ? » dit-elle en l'interrogeant et en défilant tel un mannequin devant Théodore. Louboutins aux pieds, la paire n'est pas à sa taille, mais elle s'en fiche. Elle compte bien repartir avec quoi qu'il arrive. « Elles te vont tellement bien qu'en les voyant elle voudra se les racheter. Matte plutôt mon chapeau de cow-boy. » Ils se mettent à rire. Le français sort son portable et immortalise le moment. Une photo de plus à ajouter dans leur album. L'adrénaline c'est ce qui les stimule, les maintient en vie. Ils ont l'impression d'avoir des ailes lorsqu'ils jouent avec le feu quitte à finir par se brûler complètement. « On est tellement moche sur cette photo. » s'exclame la blonde en voyant le résultat. Une preuve de plus de leur crime, ils ne prennent pas le soin de se protéger. C'est tellement simple pour eux de s'introduire chez les autres et de venir se servir. « Elle est collector. » Ensemble, ils sont entiers, se sentent vivant. En observant la pièce dans laquelle ils se trouvent, on a l'impression qu'une tempête voir une tornade s'est abattue. Les objets volent à travers la pièce, ils rient, se prennent en photo de temps en temps. Insouciants. Soudain ils entendent des pas, des voix et tout un tas de bruits liés à l'arrivée des propriétaires dans la maison où ils se trouvent. Instantanément le temps s'arrête. Nova le regarde avec ses yeux bleus océans, ceux qui l'absorbe, ceux qui ne lui laisse aucune chance de survie. Ces yeux qui lui coupent la respiration, implorent son cœur de tout arrêter. Ils sont capables de lui faire faire n'importe quoi, de le noyer ou bien de le sauver. A ce moment précis, Théodore se rend compte à quel point il est heureux que sa vie soit liée à la sienne, qu'elle soit condamnée comme lui. Égoïstement, il est heureux qu'ils soient les deux idiots à avoir un putain de trou au coeur. Ensemble. A jamais. Ils ne seront jamais seuls. Ils lâchent ce qu'ils ont dans les mains, Théodore attrape son poignet et l'embarque avec lui. Ils repassent tant bien que mal par la fenêtre qu'ils ont cassée quelques heures plus tôt, louboutins aux pieds de Nova, chapeau de cow-boy sur la tête de Théodore. Un butin ridicule, mais putain il bat ce cœur, il bat vite, il se bat. Ils s'enfuient en courant, en manquant de tomber au passage, en ne prenant pas le soin d'être discrets. Ils se mettent à rire aux éclats, ils éclatent de rire à en avoir mal à l'estomac. « Je vais mouuuuurir. » Ils sont riches et ils volent. Sans décoller de terre, sans toucher le ciel, ils volent des objets pour se sentir mieux, pour se sentir forts. Pour prouver à la vie qu'ils se foutent littéralement d'elle, d'elle et de ses règles qu'elle leur impose, de cette connerie qu'elle leur inflige. « On est vivant Nova, des putains de vivants. »
IRLANDE ≠ Le sable se déplace au rythme du vent, la mer se déchaine en effectuant des va et vient de plus en plus violent et Théodore reste calme face à cette scène hostile. Un jolie bleu décore son oeil tandis que ses doigts sont abimés au niveau des phalanges. C'était les risques de jouer les princes charmant et de sauver des princesses qui n'en valent pas la peine. Il avait beau avoir de l'argent, ce qu'il désire ne s'achète pas. Démesurément, il a toujours voulu s'offrir l'océan. Théodore ne l'a jamais dit à voix haute. Cela fait partie de lui de vouloir ce qu'il ne peut pas avoir. Il se relève, enlève sa capuche et se met à hurler. Comme ça, sous la pluie, en plein vent, contre le silence. Il exprime sa douleur contre cette injustice. Il souffre d'être incapable de faire ce qu'il souhaite. Alors il cri, il hurle, il évacue ses émotions. « T'es dans la boite Teddy. » Un flash dans ce décor grisâtre. Une voix le stoppe, lui colle des frissons. « Tu crois que ça passera avec le temps ? » Nova a créé un souvenir, moins drôle, mais tout aussi expressifs que ceux qu'ils avaient l'habitude de faire. « Évidemment. Tu te trouveras une autre passion, mise à part moi bien-sur. » Elle pose main sur son épaule et il plonge sa tête dans la sienne.
AUSTRALIE ≠ Il court jusqu'à s'épuiser, il court jusqu'à ce que le vent l'emporte. Après la France, l'Irlande, voilà qu'avec Nova ils sont en Australie. C'est simple. Il fait tourner le globe, elle pointe avec son doigt. Les Leonhart comptent faire le tour du monde ainsi. On lui a annoncé qu'il ne pourrait pas réaliser son rêve, alors il a décidé de suivre Nova qui elle compte bien réaliser le sien. Celui de devenir photographe. Ensemble, ils immortalisent les plus beaux endroits et même si c'est mal cadré, même si ce n'est pas parfait, ils continuent. Théodore s'arrête essoufflé devant une agence. Il inspire, expire, inspire, répétant l'action plusieurs fois. Après cette gymnastique respiratoire, il pousse la porte et pénètre à l'intérieur du bâtiment. Le blond salue ses collègues d'un geste de la main et s'avance jusqu'au studio d'enregistrement. Il s'assoie face à un bureau à côté de sa jumelle qui n'est autre que son "associée". Théodore aime bien utiliser ce terme pour qualifier sa soeur dans le monde professionnel. Il trouve que ça fait plus sérieux. « Aujourd'hui dans Good Morning Canberra, après avoir essayé de trouver comment dissocier un concombre d'une courgette, on se demande si vous êtes plutôt Thé ou Café. » « Une question fondamentale. Fondamentale. » dit-elle en insistant et en se retenant de rire. Tout a commencé avec des vidéos sur youtube qu'il a réalisé avec Nova. Il commentait ses photos, ils faisaient des squetchs, ils avaient quelques fans. De fil en aiguille, ils se sont fait repérer comme ça. Il s'est dit que ça pourrait être drôle de présenter un journal qui dure à peine dix minutes sur une chaine peu connue. Un moyen de marquer leur territoire, de laisser une trace derrière eux en Australie.
SAN FRANCISCO ≠ « Allez Joey, ça ne durera pas longtemps. On se marie vite fait, pour la bonne cause. » Vite fait qu'il dit. Les cheveux ébouriffés, le regard insistant, les paroles arrogantes. Théodore ne se fatigue jamais. Il tente de convaincre son amie que son idée est géniale et éphémère. L'acte de mariage brûlera aussi vite que les promesses qu'ils se feront. Comme si se marier juste pour quelques heures est anodin, que c'est une pratique normale. « Non. » Le ton est directif et à ce moment précis, elle est certainement la plus raisonnable des deux malgré leur état d'ébriété. Le chroniqueur est doué pour obtenir ce qu'il désire, il sait comment envoûter et charmer les personnes qui l'entourent. Théodore pourrait demander à n'importe qui de le dépanner, mais il sait qu'avec Joey la tâche ne sera pas simple. Un challenge, un défi à relever. « J'ai besoin de toi. » Il joue sur les sentiments. Il fait ses yeux de chiots. Ce con. Il ne comprend pas qu'il risque de briser leur amitié, qu'il ne peut pas se comporter de manière égoïste avec elle. Le mariage n'est pas un jeu même si à ses yeux c'est tout comme. Cela fait cinq ans qu'il a mit les pieds sur le sol américain et son visa expire bientôt. « Vite fait tu dis ? Genre tu diras même oui à ma place pour m'éviter de réaliser que j'suis devenue une Léonhart ? » Joey fini sa phrase en prononçant son nom de famille à la française pour se moquer de lui. « Je porterais même la robe de mariée si tel est ton souhait. » rétorque t-il le plus sérieux du monde. « Même pas en rêve, c'est moi qui porte la robe. » Il s'éloigne du comptoir et tente tant bien que mal de grimper dessus. Après quelques loupés, il se redresse, fière et porte de nouveau son attention en direction de Joey. « Joey Daniels voulez-vous me faire l'honneur de m'épouser ? (un peu, pas longtemps) » Il tend son bras et l'invite à le rejoindre. La brune hésite. Elle le fait attendre alors que tout le monde à les yeux rivés sur eux. Il est dingue. « J'accepte. » Elle saisie sa main et le rejoint. Théodore allait ajouter quelque chose, la remercier, dire des conneries et elle mit sa main contre sa bouche pour l'obliger à se taire. Taire sa joie, taire ses émotions. Ils passèrent le reste de la nuit à faire les fous, à danser sur le comptoir, à chanter à tue-tête comme des casseroles oubliant presque dans quoi ils s'embarquent.