« Répète un peu ce que tu as dis, pour voir ?! » je lâche, menaçante, alors que déjà presque toute la cour de récréation nous encercle. Je ne lui laisse pourtant pas le temps d’en placer une que je me jette sur elle. Et elle avait beau faire au moins 10 kilos de plus que moi, je la mets aussitôt à terre. Je ne me préoccupais pas une seule seconde des problèmes que je pouvais avoir pour ça, ou même la raclée que je pouvais me prendre de sa part, mon seul soucis était de lui faire payer pour ce que cette peste venait dire. Parce que s’il y avait bien une chose qui me mettait hors de moi, c’était qu’on dise du mal de ma famille, et de ma petite soeur en particulier. Alors du haut de mes 16 ans et de mes 50 kilos, je reste sur ma camarade à lui donner des coups de poings et à lui tirer les cheveux - il ne fallait jamais sous estimer la douleur que pouvait engendrer le tirage de cheveux, c’était encore plus douloureux que les coups de poings. Mais la situation change bien vite, et c’est bientôt à elle de te frapper de toutes ses forces. Outch. Et voilà, encore une vidéo qui allait circuler dans tout le lycée. Pourtant je m’en fichais pas mal, et je n’étais pas le genre de chochotte à me laisser faire non plus. Je me battais jusqu’au bout, même si elle avait clairement plus de force que moi. Les personnes qui me connaissaient savaient que je n’étais pas du genre à abandonner, même s’il fallait que je finisse défigurer. Mais des enseignants viennent bien vite nous séparer, et nous sommes aussitôt envoyés au bureau de directeur. Autant dire que je connaissais le chemin par coeur, hm. Le discours est toujours le même, la sanction est toujours la même, rien de nouveau qui puisse me choquer ou me faire regretter cette bagarre. Je ne cherche même pas à me justifier tandis que l’autre garce met tout sur mon dos. Qu’importe. Le directeur était un ami proche de mes parents, et je savais qu’il n’oserait jamais me virer du lycée. Par contre, je savais aussi je me ferai remonter les bretelles en rentrant ce soir. Un sermon et 30 minutes plus tard, nous sortons du bureau du proviseur. Et qu’importe ce qui a pu être dit, je reste fière de moi pour avoir défigurer la garce à mes côtés. Bon, je l’étais moi aussi, mais ce n’était pas très important. Les blessures partiraient, comme toujours.
Et alors que je marchais dans le couloir pour me diriger vers mon casier, Garett se retrouve en face de moi. Le beau Garett. Il me sourit, mais pas moi. Qu’il reste avec sa garce de copine. Pourtant, il se dirige vers moi le plus normalement du monde. « Tu devrais arrêter de faire la sauvage Lola, ça va mal finir pour toi. » qu’il dit, apparemment amusé par la situation. Moi, ça ne m’amuse pas. Pourquoi est-ce qu’il me parle, même ? Je le regarde un instant sans rien dire, silencieuse. Merde, ce qu’il était canon quand même. « Retourne voir ta copine, non ? » Je lance, amer. « Je suis sûre que Ruby est en train de regretter de ne pas avoir son petit toutou à ses côtés en cet instant. » Et ni une, ni deux, je le contourne pour continuer ton chemin sans me retourner un instant. Ca me rendait dingue de savoir que cette Ruby avait pu l'avoir, et pas moi. Oui, j'étais jalouse, et il était pourtant hors de question que je l'admette. J’avais décidé d’ignorer Garett, et je m’y tiendrais. Je n'avais pas besoin de lui.