There's something inside you,
it's hard to explain
They're talking about you boy,
but you're still the same
Un bruit assourdissant m’éjecta de mes pensées. Quelqu'un venait d'entrer dans ma voiture, défonçant probablement mon coffre. Oh la petite saloperie. Je retirais déjà ma ceinture, tremblante. "Oh putain de merde de putain de petit con de connard !" hurlais-je tout en sortant violemment, furieuse. J'enfonçais mes doigts dans cheveux tandis que j'observais avec stupéfaction l'état de mon véhicule. "Mais putain d'abruti de crétin écervelé "! Je la sentais, je la sentais cette monstrueuse colère destructive m'envahir le corps tout entier. J'allais le frapper, j'allais le frapper ce pauvre con. J'étais fatiguée de vivre dans un monde remplis par tant de crétins incapables de se concentrer plus de deux minutes sur la même chose. Je laissais mes doigts glisser sur mon coffre abîmé, défoncé, plié. Mais merde. Merde. Merde. "On ne t'as jamais appris à conduire ?" "Pardon ? Parce que c'est de ma faute maintenant si tu ne sais pas poser ton pied d'abruti sur le frein ?" rétorquais-je aussitôt, tout en plongeant mon regard dans celui de cet étrange inconnu qui venait de pousser ma voiture à la poubelle. En plus, il avait ce visage, arrogant et hautain, de ceux que je détestais plus que tout. "La pétasse va se calmer ! Tu es au courant que tu viens de freiner brusquement et sans raisons ?" La pétasse, la pétasse ? Mais pour qui se prenait-il. Je grognais, montrant réellement mes dents. "Mais fermes ta gueule ! Il y avait un chien qui traversait. Tu as cru que j'allais en faire de la compote peut-être ? " hurlais-je, me souciant peu des klaxons des voitures nous entourant. "Un chien, t'as pilé pour un chien ?! Risquant nos deux vies ? Mais tu es complètement tarée ma pauvre fille !" "C'est moi la folle, c'est moi la folle ? Mais vas t'acheter un putain de miroir et regardes-toi ! Regardes à quel point tu es dénué d'intelligence !" Gamine, j'allais taper sur l'un de ses pneus avec le bout de mon pied. Je devrais me taire et cesser d'agir de manière aussi impulsive ? Jamais. J'étais conne, j'en étais consciente mais jamais, Ô non jamais, je ne me laisserais faire par un mec de la sorte. De ceux qui se pensent supérieurs et bien plus intelligents que toi. "C'est ton putain de problème ?" me demanda-t-il tout en attrapant mon poignet. "Lâches-moi !" Il me serra davantage. "Au viol, AU VIOL !" hurlais-je tout en allant frapper son torse. J'étais complètement folle. Et lui, surpris, se recula de quelques mètres. Son regard en disant long sur ses intentions. Il rêvait de me tuer. Et moi, avec mon âme de justicière, j'attrapais un cailloux sur le sol et allait le balancer sur son pare-brise. Celui-ci se déchira, doucement, petit à petit, pour finir par exploser. Fière de moi, je tournais les talons et grimpais dans ma voiture. Je savais que je n'obtiendrais rien d'autre de la part de ce crétin du mépris. "Mais vas te faire interner ! Grosse tarée ! Mais putain tu es complètement folle !" gueula-t-il, gesticulant dans tous les sens. Énervée, je sortais ma main par la fenêtre et lui montrais mon bel annulaire. Doigt d'honneur, dans ta gueule, connard. Déterminée, je démarrais brusquement mon moteur, provoquant un bruit infernal. Puis je démarrais, m'échappant à toute vitesse. Loin de cette scène de crime.
"Qui a terminé le papier toilette ? Ce n'était pas le moment de poser sa crotte !" criais-je tout en sortant des toilettes de cette piteuse boîte de nuit. Surprise, je tombais nez-à-nez avec cet homme qui avait bousillé l'arrière de ma voiture, dont j'avais explosé le pare-brise, qui m'avait traité de pétasse et qui avait hanté l'une de mes nuits. J'écarquillais les yeux. Un fantôme. Le fantôme d'un criminel séjournait face à moi. "Oh merde !" pensais-je à haute voix, consciente qu'entre ses quatre murs de
carrelage, il pouvait me faire payer pour ce que je lui avais fait. Je pouvais néanmoins en faire autant. Coleen, penses au dernier épisode de Walking Dead que tu as vu. Souviens-toi comment castrer en deux prises un homme, souviens-toi comment lui faire mal sans te blesser toi-même. "Quelle agréable et belle surprise, je ne pouvais pas rêver meilleure compagnie que celle d'une ingrate automobiliste !" "Toujours aussi intelligent !" soufflais-je tout en allant glisser mes mains sous l'eau tiède, sous la robinet à côté du sien. J'essayais d'oublier ma rancune, j'essayais de ne pas penser aux frais que j'avais dû dépenser pour réparer mon véhicule. J'essayais d'oublier. Mais j'en étais incapable. Alors, moi, et mon intelligence digne d'une gamine de quatre ans, j'appuyais sur l'arrivée d'eau et laissais un violent filet de flotte lui tomber au visage, mouillant sa chemise et sa pauvre gueule d'ange. Je ricanais, fière de cette stupide connerie. "Mais tu n'es pas sérieuse là j'espère ?! beugla-t-il, avant de me laisser à son tour de l'eau. Je rigolais, toujours. Qu'est-ce que ça pouvait bien me faire ? Ce n'était rien qu'un peu d’humidité pour mon corps débordant de chaleur à cause de la pression ambiante. Lui, plongea son regard noir dans le sien, me faisant comprendre que je dépassais ses limites de tolérances. "Des problèmes de constipations chéri, tu as besoin d'un médicament pour t'aider à déféquer ?" "Mais fermes-la un peu ! T'es bonne qu'à raconter de la merde !" me répondit-il, sèchement, tout en nettoyant avec sa paume son visage humide. "C'est bien à toi de parler de merde !" Une gamine, une véritable gamine. Surtout lorsqu'il s'agissait d'emmerder le monde m'entourant. Je l'observais finir de se nettoyer le visage, je l'observais frotter sa chemise, j'attendais qu'il soit propre pour recommencer mon acte enfantin et je lui éclaboussais de nouveau le corps par le biais d'un furtif jet d'eau. Furieux, il me traita par toutes les insultes inimaginables et frappa de son poing contre le lavabo. Étrangement, j'avais la sensation de me retrouver face à moi-même. Il réagissait comme je réagirais. Il me répondait comme je répondrais. Il gesticulait comme je gesticulerais. Étrange situation. "Tiens, un mouchoir !" lui balançais-je tout en esquissait un charmant clin d’œil. Fière de mes plaisanteries, je me quittais cette pièce. Laissant de nouveau derrière moi un homme en colère.
Je frappais à la porte et pénétrais dans l'enceinte de l'appartement d'un client habitué à ma présence et à mes habitudes de dévergondée sans-gêne. Vêtue d'une salopette en jean laissant entrevoir mon soutien-gorge en dételle noire, je nouais mes cheveux dans un vulgaire chignon. "Ici la plombière !" criais-je. Pas de réponses. Je fronçais les sourcils, d'ordinaire, Jean Prior me répondait en quelques secondes. Qu'importe. Je me dirigeais seule dans sa cuisine et allait m'installer sous son lavabo. Allongée sur le sol, j'observais l'ampleur des dégâts. Parfois, j'avais la sensation que Jean faisait tout pour pourrir son évier afin de me faire revenir. Qu'importe. Ça avait le mérite de me faire gagner de quoi vivre dans le plaisir. "Surtout, faites comme chez vous !" souffla une voix qui m'obligea à froncer des sourcils. "Mais je suis comme chez moi ! Je vais devoir remplir la visse du tuyau. Rien de grave monsieur Jean !" répondis-je tout en me glissant hors de ma cachette. Le visage remplie de petites traces noires, je découvrais avec étonnement ce type qui me poursuivait quelques jours. "Oh la bonne blague ! C'est une plaisanterie j'espère, où est la caméra cachée ? Tu te fous de ma gueule, c'est ça ? Tu as décidé de me me pourrir le quotidien pendant combien de temps ?" m’assomma-t-il, avec cette ribambelle de questions. J'haussais les épaules, tout aussi surprise et désemparée que lui. Mais dans le fond, cette situation m'amusait, me poussait à continuer de lui faire chavirer l'estomac et à la rendre fou. "Jean ! Tu es devenu si jeune en peu de temps, j'en suis toute retournée !" soufflais-je avant de retourner sous le lavabo, un tournevis à la main. Je m'exécutais, négligeant les ordres de ce type qui devait probablement être le fils de mon fidèle client. "Dégages." Je restais silencieuse. Je n'étais pas payée pour rien, je n'étais pas payée par lui. Il n'avait aucun droit sur moi. "Tu es sourde ? Je t'ai dis de dégager, saloperie !" cria-t-il. Je lâchais un long et profond soupire, révélant mon je-m'en-foutisme. Je repliais mes jambes et me tortillais afin de retirer cette vice qui pourrissait l'évacuation des eaux. Soudain, je sursautais, criais et me laissais être kidnapper de mon trou. Je me débattais, essayais de repousser sa main agrippée à ma cheville. Je grognais, secouais mon corps dans tous les sens. Qui a dit que j'étais une proie facile, qui ? Violemment, mon visage se retrouva à quelques centimètres du sien, mon poing contre sa joue. "Lâches-moi ! Lâches-moi tout de suite ! lâchais dans un souffle. Étrangement, mon rythme cardiaque s'accélérait. Étrangement, mon être tout entier s'évaporait au contact de son corps ferme et de son regard tranchant. Il me faisait peur, moi qui ne tremblait devant rien, et encore moins devant un mec aux gros bras. "Dégages !" "Non ..." Il m'embrassa, m'agrippa les lèvres, déposa sa main contre mes hanches qu'il serrait, qu'il serrait pour me coller à lui. Je m'y perdais, je me perdais littéralement contre son corps. Bouleversée, choquée. J'avais envie de lui, maintenant, tout de suite. Mon souffle en témoignait, notre baiser en témoignait. Je le dévorais, collait mon bassin contre le sien, savourait, profitait, fondait. Puis brusquement, je le repoussais en le frappant. "C'est quoi ce bordel ?!" Choquée, je me redressais et récupérais l'ensemble de mes affaires. Mon corps tremblait encore, sous l'émotions, sous le choc. Je soupirais, me pinçais la lèvre, secouait mon corps pour chasser cette envie que je ne comprenais pas. Sans un mot, je partais. Sans un mot, je quittais ce lieu en claquant la porte. Tout ceci n'était qu'un flot de connerie. Ce mec, ce mauvais hasard, ces mauvaises rencontres.