"Je sais." En y repensant, votre vécu était impressionnant. Vous vous connaissiez depuis des années. De longues années. Elle savait beaucoup de toi, de tes cauchemars, de tes démons. Et était toujours là, présente, auprès de toi. Elle comprenait ce manque permanent avec lequel tu vivais. L'absence de ta petite-soeur. Le désir de voir le souffle de ton père cesser de battre. Parce que tu étais fatigué. Fatigué par ton passé. Les fantômes qui y résidaient. Mais tu l'avais. Elle. Ce sourire, cette lumière qui te guidait vers le port. Qui te permettait de posséder encore de l'espoir. Qui te permettait de croire au bonheur. Aux belles choses. Parce que c'était possible. La vie était belle. Jayce en était la preuve. Mais il t'avait fallu des années avant de pouvoir sortir le visage de l'eau. "Je ne réalise pas, c'est tout." Tes doigts ne cessaient de caresser ses cuisses. "C'est tellement fou." Ton sourire confirmait ses paroles. Oui, c'était complètement fou. Tellement fou. Parce que vous reveniez de loin. De très loin. Vous aviez été ennemis. Confidents. Amis. Amants. Vous vous êtes déchirez, pour mieux apprendre à vous aimer. Son pardon avait été le plus beau et précieux des cadeaux. Elle t'aimait. Démesurément. Comment expliquer qu'elle soit encore là, si ce n'était pas le cas ? Jayce était impressionnante. Touchante. "Tu sais je regrette, j'aurais voulu leur dire à tous que t'étais mon petit-ami." "A qui ? Tes collègues ?" C'était fait. Trop tard. Tu avais commis tellement d'erreurs. Comment pouvait te permettre de lui vouloir ? Ça avait été plus fort que toi. Plus fort que tout. "M'enfin tant pis. Maintenant que j'ai démissionné, je vais avoir plein de temps tu sais, TROP de temps." Un rire s'échappa de tes lèvres. "Et tu me dois un dîner il me semble." "Je n'ai pas oublié, ne t'en fais pas, je n'ai pas besoin de messages subliminales." D'un geste tendre, tu attrapais ses cheveux pour tous les glisser d'un même côté de sa nuque. Et du bout des doigts, c'est le haut de son bras que tu caressais, les os de sa nuque, sa peau. Lentement. Tu lui offrais un peu de ton amour par le biais de ces caresses. Tu ressentais ce besoin constant de la toucher. De lui offrir une partie de toi-même. Tu ressentais ce besoin constant d'essayer de te faire pardonner de tes erreurs. "Deux chômeurs ensemble, nous n'irons pas très loin à ce rythme tu sais." Tu relâchais de nouveau ton visage en arrière. "Je n'arrive pas à me décider, parce que j'ai peur ... Peur de l'engagement, je pense. Si j'étais amené à devoir partir pour retrouver Barbara, ce serait compliqué." Ok. Ne pas chercher à comprendre pour tu déballais pas ces choses-là durant un moment de délicatesse, de confessions. Tu ne voulais pas tout gâcher. Mais tu ne pouvais pas t'empêcher de penser à ta petite-soeur, qui était là. Quelque part. Sans que tu ne saches où.

"Je n'ai pas oublié, ne t'en fais pas, je n'ai pas besoin de messages subliminales." Oh, quand bien même, t'as hâte de remettre ça, et tu voulais être sûre qu'il sache bien que cet épisode désastreux ne t'avais pas refroidie pour autant. Tu se sens belle à ses côtés, t'as pas l'habitude de vivre ça et ça te plaît, il te fait vivre des choses que tu n'aurais jamais imaginé. Peter. Peter. Tu ne te lasses pas de son prénom, tu ne te lasses plus de ses baisers, t'imagines même mal comment tu pourrais ne plus avoir besoin de lui. Tu te laisses caresser, profitant de ses doigts alors que sa nouvelle colocataire aurait pu revenir à n'importe quel moment. Tu restes sur ses genoux, c'est là où se trouve ta place à présent. "J'ai envie qu'on l'ai notre premier vrai rendez-vous." Tu réalises que ce n'est jamais vraiment arrivé et tu as envie de le vivre, avec lui, quelque chose de beau, quelque chose de romantique... "Deux chômeurs ensemble, nous n'irons pas très loin à ce rythme tu sais." Tu accompagnes son hilarité. "Parles pour toi, moi j'ai encore une issue de secours." Ta galerie. Elle représente tout ce que tu as à présent d'ailleurs, ton gagne pain. Mais tu t'en fiches parce que t'aimes vraiment ça. T'as même hâte de te remettre au travail pour trouver de nouveaux jeunes artistes à exposer dans ton entre. Tu as au moins ton nom pour booster ton business et ça t'arrange plutôt bien pour le coup. "Je n'arrive pas à me décider, parce que j'ai peur ... Peur de l'engagement, je pense. Si j'étais amené à devoir partir pour retrouver Barbara, ce serait compliqué." Tu soupires, ça t'agaces un peu, tu regrettes qu'il vive comme ça pour des raisons absurdes alors qu'il mériterait tellement plus. "J't'en prie Peter ! Vis pour toi un peu !" Tu sais à quel point la famille est importante, la tienne est même le centre de ton univers. "Elle reviendra d'elle même quand elle sera prête, j'en suis sûre." L'optimisme à l'état pure. Tu sais qu'il ne voit pas les choses comme ça, ça t'embêtes d'ailleurs. "Toi en attendant, rends la fière." Parce que tu sais qu'elle l'aime et qu'elle aimerait le meilleur pour lui, tu le sais parce que tu ne veux pas croire que le contraire puisse être possible.