and if you go, i wanna go with you

« Grouille Saw ». Les yeux grand ouverts, tu enfances une nouvelle pièce dans la machine et tente une nouvelle fois. T'as jamais su abandonner, c'est pas dans tes gênes. « C'est comme les choix de films. C'est super important. » Roulant des yeux comme à son habitude, tu l'entends déjà te débiter d'un ton exaspéré « Et en quoi un bracelet en tissus, gagné dans une fête foraine, dans une machine qui ne veut que tes sous peut être important ? » Offusquée, tu tournes la tête vers lui et le voit sourire, amusé par le regard que tu lui lances. « Tu mériterais d'être damné ! » Levant les mains en l'air il lève les yeux au ciel et rit. « Amen» Abandonnant ta machine l'espace d'une seconde, ton poing s'écrase gentiment contre son épaule. « C'est un bracelet porte bonheur. Le jour où il se cassera je n'aurais plus qu'à exaucer un vœu.J'en aurais bien besoin en ce moment. » Posé contre la machine, tu sens son regard posé sur toi et t'imagines aisément le sourire qui se dessine sur son visage quand il te voit échoué une nouvelle fois. Tu poses ton front contre la machine. « C'est bon, j'abandonne.» Il se place à tes côtés et dépose un baiser sur ta tempe.« Dis toi que le plus grand porte bonheur que tu puisses avoir c'est moi. » Un rire s'échappe de tes lèvres avant que tu te détaches de lui pour rejoindre les toilettes. « Si tu crois que c'est réconfortant » Rapidement tu disparais de son champ de vision et il en profite pour prendre place devant la machine. Quelques minutes plus tard, quand tu le rejoins, il a un sourire sur les lèvres, ce grand sourire qui t'annonce qu'il a fait quelque chose. « Retire ce sourire Satan. Que me veux-tu ? » Faussement offusqué, il sort le bracelet et le place autour de ton poignet. « Bien. J’avais l’intention de le donner à une fille complètement désespérée mais il semblerait qu’elle ait retrouvé ce démon qui vit en elle. Donc. » Souriant innocemment, tu lui fais tes yeux de chien battu, ceux qui t'apportent n'importe quoi, mais face à son hésitation, ton air diabolique revient se dessiner sur tes traits. « Tu sais que je peux être encore plus horrible. Ce n’est pas une menace, non, juste un avertissement. » t'ajoutes en haussant un sourcil. Riant à tes fausses menaces, il récupère doucement ton fin poignet et te le noues. « Ton vœu aura intérêt de me concerner Tunstall. » Aime moi, ça suffit comme voeu?

Assis sur le trottoir, t'as l'air pathétique avec tes chaussures à la main, ta robe trop courte et ton maquillage qui coule sur les joues. « Monte. » T'effaces les traces de larmes d'un coup de revers de main avant de monter dans la voiture. Tes lèvres se posent automatiquement sur sa joue, tu lui murmures même un merci. « Tu me fais chier, Sawyer. » Tu le sais. Ces derniers temps, ta vie fout le camp et c'est votre amitié qui en souffre le plus. Tu sais plus comment agir avec lui, t'as besoin de son aide, mais tu sais que c'est le seul qui a le pouvoir de vraiment te briser. « La prochaine fois, appelle ton mec du moment. » Tu te mordilles la lèvre, tu peux sentir le sang couler dans ta bouche, tu te retiens de te remettre à pleurer. Cette fille, c'est pas toi. T'es pas du genre à pleurer, encore moins pour ces bétises. Il y a pas longtemps, tu rêvais encore du prince charmant et de la grande histoire d'amour. Pourtant, ces derniers temps, t'as enchaîné les relations d'un soir, t'anesthésiant l'esprit dans les bras d'inconnus. « Il a une copine. » que tu finis par avouer et tu le regrettes aussi tôt quand un rire froid s'échappe de ses lèvres. T'as envie de le gifler, mais c'est rien comparé aux mots qui sortent de sa bouche. « Bien sur qu'il a une copine. Plus crevard et plus t'aimes non ? » C'est pire que de se prendre un coup de point dans l'estomac. T'as envie de vomir, t'arrives plus à respirer. « Arrête la voiture. » Tu murmures. T'as besoin d'air. « Sois pas ridicule. » Tu sais pas si le son qui sort de ta bouche est un sanglot ou un éclat de rire, c'est probablement un truc entre les deux. « Je suis ridicule ? Parce que j'ai cru qu'un mec pouvait s'intéresser à moi ? Parce que j'ai eu la betise de penser que je pouvais compter pour quelqu'un. On peut pas tomber sur la fille parfaite du premier coup comme toi. » Tu sais que c'est mesquin, mais ça fait bien longtemps que la jalousie te ronge. Il a une petite amie, une histoire sérieuse, elle compte probablement plus que toi, l'amie d'enfance. La voiture s'arrête et avant même que t'es le temps de sortir de la voiture, tu sens ses lèvres sur ta bouche. T'en as rêvé depuis des années, depuis que t'as 16 ans probablement, mais t'as jamais rien dit, t'as jamais rien fait. C'est ton meilleur ami, le seul qui compte. « Elle est pas parfaite. Et tu comptes, Sawyer. Tu comptes toujours plus. » C'est bête, mais ça déclenche un truc en toi. T'as l'impression que ton cœur se remet à battre dans ta poitrine. T'as parfaitement conscience que t'es en train de commettre une connerie de plus, mais peut être qu'avec lui, ça n'aura pas le même effet. Tu l'embrasses à ton tour, tes mains glissent sous son tshirt et pour la première fois depuis des années, tu te sens vivante. T'aurais pas pu deviner que le lendemain, il retournerait avec sa princesse, te laissant comme une pauvre idiote. Tu le sais pourtant, les meilleures amies, elle font pas le poids face au premier amour.

Tout autour de toi, les gens s'activent à leur vie. Et toi, t'es là, à attendre que la tienne commence. Tu sais plus trop ce que tu veux dans la vie. Tu sais plus trop comment faire pour sourire. C'est compliqué maintenant. T'as perdu une part de toi et tu sais plus trop comment redevenir la Sawyer que tout le monde connaît. Tu leur offre des sourires à toutes ses personnes, qui se disent être tes amis. Tu joues le jeu, tu prétends que tout va bien, mais tout ça sonne faux. Tu passes tes journées à attendre que la nuit tombe, parce que dans la nuit, t'arrives à te camoufler. Tu peux devenir qui tu veux, parce que dans le noir, personne ne remarque ton sourire cassé. C'est facile de jouer le jeu dans une ambiance tamisé. Personne ne se rend compte que ta vie ne tourne plus rond. Tu peux consommer à outrance, tu peux t'esquinter, personne ne le remarque. Parfois, t'arrives même à oublier. Et puis, faut l'avouer, ça te plaît bien d'être invisible aux yeux des autres. C'est plus facile que t'exposer et risquer d'être blessée. Tu te montres seulement quand tu veux être vue, le plus souvent quand tu veux prendre ton pied avec un parfait inconnu. Le reste du temps, tu te contentes d'être la jolie blonde que rien n'atteint. Tu passes de l'eau sur ton visage « Tu comptes me mater encore longtemps ? » Tu demandes avec ton air hautain, qui ne correspond pas du tout à ton visage de poupin. « Tu t'attends pas à une seconde partie quand même ? » Parce que toi, les secondes parties, tu fais pas. Tu fais plus. Tu laisses à personne le droit de t'aimer, parce que tu sais, bordel, tu sais à quel point c'est douloureux, quand l'autre personne finit par se rendre compte que t'es pas assez bien.