le temps, les heures, les nuits passées,
que les rêves ne peuvent soulager.
l'effort et le courage à retrouver,
se souvenir qu'il faudra vivre et continuer.

Épuisée. Mes cheveux emmêlés. Mon souffle emballé. Mes jambes fatiguées. Un sms envoyé à Chuck. Un ventre criant sa faim. Je pénétrais dans l'enceinte de ma maison. Je balançais mon sac par terre, retirais mes baskets et entrais avec une envie de me rassasier dans la cuisine. Un arrêt net. Je découvrais Maia, en larmes, entourée de deux hommes que je distinguais clairement comme étant des policiers. Tout mes organes s'arrêtèrent de vivre, une vague de terreur les réduisait à néant. Je regardais partout autour de moi. Ils n'étaient pas là. "Où sont mes parents ?" demandais-je, réalisant que j'étouffais un cri. Maia pleurait, encore, et davantage. Ma tête criait de douleur. Tandis que mon ventre se tendait, douloureusement. C'était impossible. "Nous sommes désolés Ohara, ils ont ..." "Où sont mes parents ?" criais-je, tout en plaquant mes mains contre la table en bois. Mon regard s'ancra dans celui de Maia. C'était à elle, juste à elle, rien qu'à elle, que je posais cette question. J'ignorais mes tremblements, j'ignorais l'ensemble de ces terrifiantes secousses qui brisait mon coeur en un millions de morceaux. Elle cachait son visage avec ses mains, n'osait me regarder. J'en grognais. "Maia, où sont-ils ?" Ma voix se perdait, décomposée. "S'il-te-plaît ! Arrêtes !" "Réponds-moi !" hurlais-je, à bout. Mes poings frappèrent de nouveau le meuble qui retenait mon corps de l'effondrement, de la destruction. Les secondes s'éternisaient. Le silence également. J'en crevais. Rapidement. J'en criais, intérieurement, de souffrance. "Ils ont eu un accident de voiture." Un étourdissement. Je sentis mon corps basculer en arrière, puis se rattraper en cognant contre le lavabo. Je dégringolais. Je secouais nerveusement mon visage tandis que mes mains volaient dans l'espace qui m’étouffais. Je toussais, crachais, ne croyais pas en cette réalité. Je ne pouvais pas y croire. Ils étaient là. Ils allaient revenir d'un instant à l'autre. Maintenant. Sous peu. Maman était probablement à l'étage, en train de travailler son roman. Papa était probablement dehors, à essayer de réparer son hamac. Ils étaient là. Ils étaient forcément là. "Non ... Non. Maman, réponds-moi ! MAMAN !" hurlais-je tout en me dirigeant vers le hall de notre maison familiale. "C'est moi ! Je suis rentrée ! Viens s'il-te-plaît !" J'en explosais mes cordes vocales. J'en explosais mon corps démuni. Des bras m'encerclèrent, m'empêchant de grimper ces escaliers me mènerait à la vérité. Je hurlais. Me débattais. Tentais d'abattre des coups de coude sur son corps qui m'enfonçait dans l'obscurité. Des murmures me piquaient les oreilles. Maia. Je ne voulais pas d'elle, je ne voulais pas de ses explications. Laisses-moi. Laisses-moi sombrer. "Dégages ! Ils vont rentrer ! DÉGAGES ! MAMAN ! Papa ! S'il-vous-plaît !" hurlais-je, toujours, encore. De manière répétitive. En larmes. Suppliantes. "S'il-vous-plaît, rentrez !" "Arrêtes Ohara ! Arrêtes ! Ils sont morts !" Mon souffle se coupa, mon corps se cambra et mon cri s’éleva, un cri de souffrance, un cri de désespoir. Une force se contractait autour de mon corps, et je me sentais chuter, je me sentais loin. Une main m'attirait dans les profondeurs, dans l'obscurité. Papa. Maman. Je pleurais. Je hurlais. Je pleurais. Je hurlais. Je tremblais. Je n'en pouvais plus. Je voulais mourir, je voulais partir, les rejoindre, me glisser dans leur bras, pour toujours. Je m'écroulais, m'allongeais entièrement sur le sol. Et mon cri, constant, ne cessait pas un seul instant d'extérioriser cette colère si vive qui me brûlait le coeur, qui me nouait l'estomac et me qui torturait l'esprit. Mon coeur pleurait, mon coeur hurlait. Mon coeur disait je t'aime, je t'aime. A jamais.