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 little fang. (bazel)

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Azel Mercieca
Azel Mercieca
LA VICTIME DU BLAIREAU
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DATE D’ARRIVÉE : 13/10/2014
AVATAR : brynja jónbjarnardóttir.
CRÉDITS : alaska.


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MessageSujet: little fang. (bazel)   little fang. (bazel) EmptyDim 25 Jan - 19:14


Boy I can't lie
What we did last night
You know it's constantly replaying, staying on my mind


Incertaine, hésitante. La contradiction roule sur sa peau, s'écrase contre sa conscience, s'infiltre jusqu'aux traits tendus de son visage. Ses talons raclent le sol, griffent la peau couleur béton. Un peu trop brutalement, un peu trop violemment pour une fin d'après-midi d'hiver. Le bruit grave s'élève dans l'air glacé, plane à quelques mètres du sol, vient casser le calme ambiant. Elle n'est même pas censée être là. La nuit prend vie autour d'elle, l'enveloppe d'un voile de velours noir. Ses bras emmêlés autour de sa silhouette frêle, elle franchit les quelques mètres qui la séparent de la villa aux briques blanches. Elle n'est même pas censée être là. Ce matin, elle aurait dû le passer à se perdre dans ses rêves troublants, elle aurait dû se réveiller au plus tôt vers quatre heures de l'après-midi, et puis se faire un chocolat chaud, se couler un bain, peut-être même troquer le chocolat contre du vin. Et toute la journée, chasser toute once de productivité, se perdre pour mieux se retrouver. Oui mais non. Il a fallu qu'elle tombe sur cette invitation froissée entre deux publicités bidons. Putain, elle connaît à peine la mariée, une de ses anciennes collègues de travail. Elle croit qu'elles se sont rencontrées au cimetière, quand sa vocation éphémère du moment était de redonner vie aux tombes abandonnées. Mais elle n'en est même pas certaine. Stupidité infernale. Elle ne connaît approximativement personne et pourtant, elle est là. Quand ses doigts se sont enroulés autour de l'énorme clenche en bois doré, la cérémonie avait déjà commencé depuis quarante grosses minutes. Elle s'est glissée discrètement dans l'église, les cheveux tirés en une espèce de chignon précaire, sa robe aussi froissée qu'un océan déchaîné. Son esprit absent s'est pris d'obsession pour les vitraux qu'elle a passés toute la cérémonie à étudier plutôt que d'écouter le trop-plein d'amour qui dégoulinait des lèvres ivres de passion des deux mariés. Le temps s'est écoulé lentement, trop lentement. Quand enfin les gens ont commencé à s'agiter, elle s'est éclipsée. Avant même de féliciter les mariés. Comme la pluie en été. Elle s'apprêtait à appeler un taxi quand elle s'est rappelée de l'after dans la villa, au bout de la rue. Et after oblige, le champagne l'a appelé et il a gagné. Et maintenant, elle est là. Elle ne connaît personne. Mais elle est là, à tuer le sol un peu plus à chacun de ses pas. Parce qu'elle a besoin de se changer les idées, de profiter de leur champagne bon marché en se fondant dans la masse. Fuite inconsciente. S'égarer en territoire inconnu, n'être personne pour personne, errer sans se soucier de rien, se glisser dans la peau de quelqu'un d'autre pour une nuit. Juste une seule nuit, ou tout est possible, le meilleur comme le pire. La musique fugue par les quelques fenêtres ouvertes sur la pénombre étouffante. Elle inspire profondément et pénètre dans un monde un peu trop rose pour elle. Elle est envahie par les lumières âcres, aveuglantes, l'odeur des différents plats qui fusionnent et la musique qui vient s'ajouter au mélange explosif. Son chignon la tue, ses doigts se fraient un chemin jusqu'à ses cheveux qu'elle libère d'un coup sec du poignet. Douce délivrance. Elle respire un peu plus facilement. Sans s'attarder sur personne, en une fraction de seconde, elle se dirige vers les alcools. Une table horizontale est couverte de mixtures en tous genres. Ses doigts se referment autour d'une flûte de champagne. Charge, vise, tire. Elle jette un léger regard autour d'elle avant de la descendre d'une traite. Le liquide danse agréablement le long de sa gorge. Elle ferme les yeux un instant, le temps que ses pieds touchent à nouveau le sol, que son appréhension s'envole. Après quelques secondes, ses paupières se soulèvent à nouveau, ses pupilles n'accrochent qu'à l'alcool. Avant même de s'en rendre compte, elle a déjà tué un deuxième liquide, plus fruité et un troisième verre est coincée au creux de sa main. Et puis merde, sa main libre se referme sur une autre flûte contenant un liquide orange suspect. Et elle avance, les doigts emprisonnés autour de ses deux meilleurs amis, les sourcils froncés, la tête haute. Elle les défierait presque tous de la critiquer. Elle ne sait pas trop ce qu'elle fait, pourquoi elle le fait, mais elle se laisse emporter par ce sentiment de liberté, aussi factice soit-il. Elle évolue lentement, comme si elle testait inconsciemment la température. Elle a l'impression de marcher en territoire ennemi, d'être une sorte de proie à abattre, l’intrus qu'il faut trouver. La semaine a été longue. Trop longue. Elle pensait que ce mariage lui changerait les idées. Triste déception. Elle slalome entre les voix, les corps, et cette dose de bonheur beaucoup trop vive que pour être supportable. Elle termine sa course au fond de la salle, devant une table noyée sous les paillettes et les anges en papier mâché. Elle se terre dans un coin, retirée. Elle termine le champagne, agrippe le verre restant. Sa bouche s'accroche au bord, elle l'incline légèrement tout en inspectant les environs. Le liquide frôle sa lèvre et ses pupilles, son visage. Au début, elle pense avoir une hallucination. Elle ne peut pas déjà être ivre??? Lui. Ici. Ses pupilles lui brûlent le corps, elle est complètement hypnotisée. La bouche entrouverte, l'alcool tanguant dangereusement, elle le fixe. Elle se laisse submerger par la surprise et la vodka orange lui enflamme la gorge. L'alcool lui brûle l'œsophage, l'étrangle, racle et détruit son semblant de dignité. Elle tousse violemment, les larmes lui montent aux yeux. Elle ne sait pas s'il l'a vu, s'il l'a entendu. Sa main vient couvrir sa bouche, elle meurt à petit feu. Il marche sans vraiment la regarder. Elle baisse la tête, c'est comme un réflexe. Elle s'efface, tente de redevenir poussière. Plus rien depuis le porche. Plus rien du tout. C'est le bordel dans son corps, le bordel dans sa tête. Elle ne sait pas quoi faire, pas quand il est là, à quelques mètres seulement du déchet auquel elle doit ressembler. Elle ne sait pas quoi faire alors elle termine sa vodka d'un traite, toujours en toussant, à moitié brisée, les larmes dévalant ses joues rougies par l'alcool. Sa gorge se consume, elle brûle, elle se sent vivre mais qu'est-ce qu'elle se sent conne aussi. Cheers.
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little fang. (bazel)

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