"Tu écris, amoureux pour toujours signé Tristan." Je ris. C'est stupide mais adorable, il doit être haut comme trois pommes et vient de déverser toute sa fortune sur mon comptoir, une liasse de billets d'un dollar plus grosse encore que le dossier que j'avais confectionné pour mon prêt à la banque il y a quelques années de cela. "Pourquoi tu te moques ?" Je redresse la tête pour regarder son petit visage, les sourcils froncés, il n'a pas l'air très content, ça le rend encore plus amusant. Je tente de ravaler le sourire qui s'est invité sur mes lèvres mais c'est peine perdue, je n'y arrive pas. "Bon très bien, tu es sûr pour le mot ?" Je demande, tentant de reprendre mon sérieux. Il hoche la tête puis la tourne pour regarder autour de lui. "Tu as une amoureuse toi ?" Je grogne. Sérieusement ? J'attrape du papier derrière moi pour emballer le bouquet que ce petit chiard est capable de s'offrir avec les pauvres penny qu'il a réussit à économiser. Étrangement, il me chauffe d'un seul coup. "Tu préfères le rose ou le blanc ?" Je demande en sortant deux feuilles de couleurs différentes. "Le blanc. T'as pas répondu ! T'as une amoureuse toi ?" Qu'il répète visiblement désireux d'en savoir davantage sur ma vie amoureuse. "J'en ai eu une une fois." La seule, je ne me souviens pas avoir aimé quelqu'un d'autre en vérité, pas de cette manière en tout cas. "Elle est où." Je lâche le scotch sur le comptoir sans le faire exprès. "Pas là." Voilà la dure vérité. Liv était partie, vivre autre chose, vivre sa passion, comme je le fais ici. Tant mieux pour elle, tant mieux pour moi. "Tu sais pas où elle est ?" Raaaa, il ne va visiblement pas me lâcher avec ses questions stupides. J'allume la radio, celle où Liv passe toujours, jour après jour, c'est sa voix qui sort du petit engin. Ça me fait toujours le même effet. Je regarde le truc quelques instants puis le pointe du doigt. "Elle est là." Tristan ouvre des yeux ronds. "Ton amoureuse est célèbre ?" Visiblement... "C'est plus mon amoureuse." Que je réponds finalement, en haussant les épaules. Je ne sais plus pourquoi je lui réponds, il aura oublié en sortant de cette boutique de toute façon. "Pourquoi ?" Évidement. "Parce que." Un gamin. J'accroche le dernier détail et lui tend le bouquet. "Voilà mon grand, j'espère qu'il lui plaira." Il attrape la chose, le sourire jusqu'aux lèvres et s'en va comme il est arrivé. Tant mieux. Je n'aurais pu supporter de répondre à une autre de ses stupides questions.