au fond des vagues, submergé par mes idées noires, le sel qui coince dans ma gorge, mes cheveux constellés par la lumière du soleil qui se meurt à petit feu. je remonte, je replonge, cette apnée qui m'serre la gorge, les yeux clos, mais des feux d'artifice étranges qui inonde mes obscures pensées. comme ivre des étoiles absentes, je finis étendu sur l'herbe, les fleurs senteur lilas chatouillant mes sens. cancéreuse toujours au bout des lèvres, san fran et son pont aux mille et unes couleurs à mes yeux, san fran et la chaleur de ses bras qui semblent s'ouvrir rien que pour moi.

idées noires
obscure clarté de mon coeur,
jake.

la pré-apocalypse, j'm'en souviens encore, comme si c'était hier. (on a vécu tellement vite en même temps, on a traversé mille années lumières et un peu plus en deux jours ensemble t'imagines) on avait besoin de personne, parce qu'on se suffisait l'un l'autre, on a appris à s'aimer sur les toits, contre les murs, le coeur battant plus fort que la musique imaginaire qui retentissait à chaque fois que tu caressais mes cheveux, entre deux trois draps, un peu partout, un peu n'importe comment. et ce bordel nous consume, nous aspire, nous réduit à c'que nous sommes l'un sans l'autre : des moins que rien, n'est-ce-pas. l'euphorie des jours heureux se casse elle aussi, ne laissant place qu'aux injures, des mots obscures et monochromes.
y'a des gens, comme ça, auprès de qui tout vous semble facile.
t'sais, avant toi, j'voulais faire la paix avec moi même, faire l'amour à des femmes, et des hommes, des incompris, des sirènes, avant toi, j'voulais faire claquer le mât de mon bateau qui existe même pas contre les vagues, fermer les yeux et écouter leur fracas, écouter le danger à travers ces bouts de tissus torturés par le vent, mais me sentir quand même un peu en sécurité, un peu invincible, un peu vivant aussi. avant toi, j'me sentais tellement comme un moins que rien, tu sais, j'avais besoin de toutes ces pensées d'adolescents, de tous ces rêves remplis d'étoiles et de niaiseries.
on a rayé les je pour laisser que les nous, nous, nous, seuls contre tous, ensemble seuls face au monde. je brûle pour toi, j'en peux plus sans toi,
mais j'en peux plus de toi aussi, tes manies de merde, la façon trop cosmique que t'as de regarder les étoiles avec moi parfois, comme si tu voulais tuer les constellations, renverser les lois de la physique ou un truc comme ça. j'ai envie de péter ta gueule contre le bitume, embrasser tes lèvres si fort pour faire dégager ce sourire d'idiot qui me crie "je t'aime", nous pousser du haut d'une falaise pour encore nous sentir planer, voler, et aussi toucher tes mains glacées, et te gifler avec, violemment, intensément.

et, tu vois, au fond, c'est pour ça que j'veux pas qu'on s'quitte.
parce que quand j'imagine mon histoire, mon passé, y'a rien, à part toi en gros plan qui bouffe tout mon espace.
si on me demandait de m'écrire, me raconter, le seul mot qui hanterait mes songes, c'est jake, ton nom, écrit sur tous les murs de san fran.