La vie est comme un boomerang. On la lance, sans savoir vers où. Sans savoir comment. Mais elle s’envole malgré tout. Et elle avance, à toute vitesse. Elle vous donne un job de rêve, une femme incroyablement parfaite. Alors tout semble acquis, hors de portée. Mais c’est faux. C’est faux car soudain, le vol est à contre-sens. Et tout ce que vous aviez s’échappe. Ma vie s’échappe. Elle glisse entre mes doigts. J’avais tout. J’étais un homme comblé. Mais Cali est partie. Et mes absences à répétition pourraient me faire perdre mon job. On pourrait juger que je ne suis plus le pdg idéal, et même si cette société m’appartient, elle pourrait m’être arrachée. Voilà comment tout cela pourrait se finir. En un claquement de doigts. Mais ma société n’est pas ma priorité. Ma priorité c’est elle. C’est Cali. Elle ne m’a pas trompé. C’est une certitude maintenant. Mais elle me cache quelque chose. Et je dois découvrir ce que c’est. De quoi a-t’elle peur ? Cette question m’obsède, jour et nuit. Je ne dors plus. Je ne vis plus. Je cherche, en vain. Et je ne vois qu’une seule solution. On la menace. Je ne sais pas encore pourquoi, ni comment. Et je ne sais encore moins de qui il s’agit. Mais j’ai peur de perdre le contrôle si je découvrais son nom. Alors, seul dans notre maison déserte, je sillonne le couloir de l’entrée depuis maintenant plus d’une heure. Je suis fatigué, j’ai les traits tirés. Je ne suis plus qu’une ombre. L’ombre de moi-même. Et je lâche finalement un soupir. Un soupir de désespoir. Je ne sais même pas où ma femme se trouve. Car elle est encore officiellement ma femme. Du moins tant qu’elle n’a pas signé ces fichus papiers. C’est affreux cette sensation d’impuissance. Cette sensation de ne rien pouvoir faire. Elle me donne l’impression d’être le spectateur du désastre de ma vie. Alors je me sers un verre de whisky, et m’assieds dans le couloir de l’entrée, par terre face à la porte. C’est ici que je passe mes journées. Toujours accompagné d’un verre. Et j’attends. J’attends qu’elle revienne. C’est mon seul espoir. Mon dernier espoir. Je bois une gorgée de mon verre, et le garde entre mes mains. Reviens Cali, je t’en supplie. Sans toi, je ne sais plus qui je suis. Je ne sais plus où je vais. Reviens. Reviens-moi. Et la porte s’ouvre. Mon coeur rate un battement, et un sursaut m’éveille. Alors je lève les yeux. C’est elle. C’est elle. Toujours assis par terre, je reste immobile, par peur qu’elle disparaisse. Je ne dis rien, mais mes yeux ne la lâchent pas. Je pose mon verre à côté de moi, et lui tends la main. « Viens là. S’il te plait. »